Le 16 mars dernier, j’ai eu le plaisir d’assister à la journée dédiée au thème du Cloud Computing et du Saas, organisée par l’hebdomadaire 01 informatique. Une journée très dense avec pas moins de 13 interventions qui ont permis de couvrir de nombreuses thématiques: les services à la demande, la virtualisation, la sécurité, le poste client, l’évolution de la gouvernance, …
C’est Louis Naugès de Revevol, qui a ouvert la séance en nous dressant un tableau général sur le Cloud Computing et ses différentes déclinaisons (Iaas, Paas, Saas). Pour lui, 2010 marque le début d’une nouvelle décennie de rupture, comme nous en avons connues en 1990 et en 2000. Les usages évoluent vers plus de mobilité, d’accès distant sans fils aux applications, via un client unique qui est le navigateur internet. Il a aussi présenté les caractéristiques (et avantages !) des applications en mode Saas (Sofware as a service):
- Paiement à la consommation (pas de licences, pas de maintenance)
- Plusieurs clients utilisent la même instance de l’application (multi-tenant)
- Une seule version de l’application pour tous les clients
- Les mises à jour sont disponibles en même temps pour tous, sans majoration
Christian Lorentz de Riverbed, a enchaîné sur les problématiques réseaux dans l’usage des applications Cloud. Il met en garde contre le risque de perte de productivité lié au ralentissement de l’accès aux données et aux transferts de fichiers. C’est d’autant plus vrai que les applications en question n’ont pas été conçues pour le Cloud mais résultent d’un portage ou d’un simple déménagement. La société Riverbed propose des solutions d’accélération sous forme d’appliance ou de couche logicielle pour gommer ces ralentissements.
Un retour d’expérience a ensuite permis de présenter des cas concrets d’utilisation de la virtualisation en entreprise. L’élément déclencheur est souvent la réduction des coûts. Il s’avère que si la virtualisation des serveurs et du stockage est entré dans les habitudes, la virtualisation du poste de travail reste anecdotique. Je regretterais pour ma part que la virtualisation des équipements réseaux n’ait pas été évoquée avec les questions de sécurité associées. Les acteurs présents n’avaient probablement pas de solutions à montrer pour une technique qui est assez récente et pour l’instant l’exclusivité de Cisco.
Cyril Grira, de Google Entreprises, a montré l’évolution ces dernières années des applications 2.0 jusqu’à Google Apps, en passant par Skype, twitter…Il a aussi cité quelques chiffres concernant les infrastructures Google et le volume des transactions liées aux différents services. Il rejoint Louis Naugès sur les caractéristiques du changement des usages de l’information : mobilité, collaboration, client web. Une tendance que Google soutient avec des initiatives comme Google Apps Market Place, lancé au début du mois, et Google Chrome OS.
Emmannuelle Olivié-Paul de Markess International, a présenté l’évolution du marché et les différents acteurs de services d’hébergement et de Cloud Computing. Une partie de l’étude est accessible gratuitement sur leur site.
Une nouvelle table ronde a réuni différents intervenants pour discuter de projets de migration d’applications dans le Cloud. On distinguera 2 types de projets, les projets de changement du mode d’accès aux applications bureautiques avec l’utilisation du Saas et la migration d’applications métiers plus spécialisées avec le Paas. Avec le Saas, tous les intervenants s’accordent sur la richesse des fonctionnalités, la visibilité sur les coûts et la modernité des solutions proposées. Côté Paas, sauf exception, les projets sont encore des pilotes et concernent principalement des applications non stratégiques. Pour certaines startups, le Paas est cependant un facteur déterminant de développement car il permet de traiter des volumes importants à coût modéré et donc de mettre en place des services à destination des clients grands comptes.
C’est Stéphane Degois de Logica Business Consulting qui a conclu la matinée en listant les différents points à surveiller avant de choisir ses partenaires pour sa démarche Cloud. Plusieurs référentiels aident à cadrer les relations avec les différents prestataires. Au delà du référentiel ITIL, déjà bien répandu et de l’ISO 20000 qui décline ce premier au niveau de l’entreprise, le référentiel eSCM dresse les nombreux domaines à appréhender pour une collaboration fructueuse et respectueuse des intérêts de chacun.
Gabriel Chadeau de Double-Take Software a ensuite présenté les avantages à s’appuyer sur l’infrastructure Cloud et la virtualisation pour bâtir son PRA (Plan de Reprise d’Activité). Avec ces nouvelles techniques une restauration se fait généralement en moins d’1H et avec une granularité très fine au niveau du fichier ou du mail. Les coûts sont aussi très avantageux par rapport à un PRA classique réalisé en interne avec des machines à maintenir mais qui ne sont pas utilisées. Double-Take Sofware commercialise une solution de réplication en temps réel, à base d’agents tournant sur les machines physiques, vers un ensemble de machines virtuelles stockées dans le Cloud.
Eric Domage d’IDC EMEA Software Group a réveillé l’audience avec une présentation très dynamique sur les risques pré-supposés du Cloud Computing. Il nous indique que les mentalités évoluent, nous sommes passé de la suspicion négative à une neutralité bienveillante : pas plus de risques que sur une infrastructure interne. Les différents acteurs du Cloud ont travaillé ces 6 derniers mois pour affiner leurs offres et apporter des réponses sur des problématiques de géolocalisation des données liées à des contraintes légales (CNIL en France par ex.). Il encourage aussi chaudement à l’utilisation du chiffrement et retient cette solution comme l’unique moyen d’effacement d’une donnée dans le Cloud ! La problématique du Cloud ne nécessite pas de nouveaux types d’outils de sécurité et les acteurs historiques ont déjà majoritairement fait évoluer leurs offres en conséquence.
Pierre Renard de Systancia a enchaîné sur le thème du coût de possession (TCO) dans le cas de la virtualisation du poste de travail. 2 types de virtualisation mutuellement non-exclusives sont possibles, d’une part la virtualisation de l’application où celle-ci s’exécute sur un serveur distant au-dessus d’un système d’exploitation multi-utilisateurs (SBC) et d’autre part, la virtualisation complète du système d’exploitation et des applications qui s’exécutent sur un serveur distant avec un déport de l’affichage (VDI). Dans le 1er cas, de l’ordre de 100 applications peuvent s’exécuter sur un serveur tandis que dans le second cas, de l’ordre de 15 environnements de travail peuvent s’exécuter sur le même type de serveur.
C’est Didier Lambert, ancien DSI d’Essilor et ancien président du CIGREF qui nous a parlé de l’impact du Cloud Computing sur le rôle de la DSI. Pour lui, le DSI cummule 3 rôles : direction du SI, entrepreneur pour l’entreprise numérique et conseil sur les nouvelles technologies et nouveaux process. La simplification d’accès aux offres Saas permet aux directions métiers de traiter directement avec les fournisseurs, ce qui présente des risques de cohérence du SI et demande un arbitrage. Enfin, il indique que de son point de vue, le DSI a toute la légitimité pour siéger au COMEX.
Matthieu Hug d’EuroCloud et de RunMyProcess a clos cette journée en présentant quelques pistes pour passer au Cloud. Le Cloud introduit un changement majeur de modèle économique en passant d’un modèle basé sur la vente de licences et de maintenance à un modèle basé sur la location. Un produit qui était historiquement amorti sur 1 an, est maintenant amortissable sur 4 à 5 ans. Ce changement ne se fait pas sans heurts chez les éditeurs classiques de solutions applicatives et tous ne seront pas à même de prendre le virage et s’adapter. De nouveaux acteurs apparaissent et vont continuer d’apparaître avec de vrais offres Saas et une réductions des coûts d’exploitation chez l’éditeur répercutée chez les clients.
En conclusion, je dirai que cette journée m’a fourni une vision plus globale sur le Cloud Computing et le Saas et me donne véritablement envie d’orienter ma carrière dans cette direction !
Edit du 14/04/2010: Le site 01net a mis en ligne un compte-rendu de cet évènement avec des vidéos et le contenu de certaines présentations.